

Dans l'hôpital israélien touché par un missile, patients et soignants sous le choc
Les rideaux séparant les lits des malades flottent à travers les fenêtres soufflées par l'explosion, le toit est noirci par les flammes: le bâtiment de l'hôpital Soroka touché par un missile iranien était vide jeudi matin, mais les dégâts sont énormes dans le plus gros hôpital du sud d'Israël.
"C'est un miracle, le bâtiment venait juste d'être évacué", souligne Kevin Azoulay, qui travaille dans les services de maintenance, juste à côté du bâtiment touché.
"Ce bâtiment, parce qu'il était plus ancien, a été évacué il y a quelques jours et le département qui a été directement touché (par le missile) était vide", a expliqué aux journalistes le directeur de l'hôpital, Shlomi Codish.
Depuis le début de la guerre, le 13 juin, entre l'Iran et Israël, tous les services qui étaient situés dans des bâtiments considérés comme non suffisamment protégés avaient été déplacés, ajoute-t-il.
Le souffle de l'explosion, peu après 7h du matin, a aussi provoqué d'importants dégâts dans les bâtiments adjacents. Les bris de fenêtres et la chute des plafonds ont blessé une quarantaine de personnes, affirme M. Codish.
Il a fait évacuer des dizaines de patients sur d'autres hôpitaux du pays en raison de la mise hors service de plusieurs départements de l'hôpital.
L'établissement est maintenant fermé "sauf pour les cas d'extrême urgence", indique-t-il.
- "Onde de choc" -
A l'intérieur du bâtiment de chirurgie qui jouxte celui touché par l'impact direct, les couloirs de l'entrée sont jonchés de bris de verre des fenêtres, les panneaux du plafond gisent sur un sol trempé après des fuites dans les canalisations.
Un pompier, qui préfère conserver l'anonymat, explique qu'un incendie a ravagé le cinquième étage du bâtiment.
Pour Yael Tib, membre du Commandement du front intérieur (Défense passive) qui a participé à l'évacuation des patients, l'urgence est désormais de vérifier que les structures des bâtiments sont en bon état.
"Notre priorité est d'éliminer tout risque d'effondrement", dit-elle. "Un missile balistique génère une onde de choc très puissante. C'est un type d'incident très différent de ce que nous connaissons" d'habitude.
Au troisième étage, dans le département d'ophtalmologie, des cloisons éventrées se sont écroulées sur les équipements, toutes les fenêtres ont été soufflées et les chambres sont remplies d'éclats de verre.
"Ce service est quasiment détruit", dit Boris Knaizer, chef du département, en montrant les gravats qui encombrent son bureau.
"Ce département est le plus important de l'hôpital en termes de nombre d'opérations chirurgicales et de nombre de patients examinés - nous voyons près de cinquante mille patients par an", souligne-t-il.
"Et maintenant, comment allons-nous les accueillir ? Nous n'en avons aucune idée, nous n'avons pas d'espace, nous n'avons pas de chambres, tout a été détruit", ajoute-t-il.
- "Chaos organisé" -
L'hôpital Soroka compte plus de 1.000 lits et soigne une grande partie de la population du sud d'Israël, évaluée à environ un million de personnes.
Secouristes, soldats, pompiers et policiers rentrent et sortent du bâtiment dédié à la chirurgie. Une femme âgée est évacuée sur un brancard, un masque à oxygène sur le visage.
"C'est un chaos organisé", assure Dan Schwarzfuchs, chef des urgences et directeur adjoint de l'hôpital, en pleine évacuation des patients: "Chaque patient a une personne assignée qui le tient au courant de ce qui va se passer".
Selon le directeur, les plus vulnérables n'ont toutefois pas pu être évacués: "Personnes âgées, patients atteints de cancer, personnes ayant besoin de soins urgents".
Et d'ajouter: "C'est un énorme choc qu'un centre médical ait été pris pour cible".
B.Roussel--PP