

Trump renvoie la cheffe des statistiques après de mauvais chiffres de l'emploi
Donald Trump a demandé vendredi le renvoi de la cheffe de la principale agence de statistiques économiques des Etats-Unis après la publication de mauvais chiffres de l'emploi, une annonce qui a stupéfié certains économistes et scandalisé ses opposants.
"Je viens d'apprendre que les +chiffres de l'emploi+ de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, Dr. Erika McEntarfer, (...) qui a truqué les chiffres de l'emploi avant l'élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala" (Harris, sa rivale à la dernière élection présidentielle), a affirmé le chef de l'Etat sur sa plateforme Truth Social.
"J'ai demandé à mon équipe de renvoyer cette personne (...), IMMEDIATEMENT. Elle sera remplacée par quelqu'un de beaucoup plus compétent et qualifié", a-t-il ajouté.
Dans un deuxième message, Donald Trump a dénoncé des chiffres, selon lui, "TRUQUES pour donner une mauvaise image des républicains et de MOI-MEME", sans avancer de preuves de cette manipulation.
Plus tard, lors d'un échange avec la presse, il a lancé: "Nous avons besoin de personnes à qui nous pouvons faire confiance", puis a à nouveau accusé la responsable d'avoir gonflé les chiffres dans le passé au profit de la précédente administration, celle du démocrate Joe Biden.
Erika McEntarfer est la commissaire du Bureau fédéral des statistiques, un organisme qui publie les chiffres de référence sur l'emploi, la productivité et les prix aux Etats-Unis.
"Le renvoi totalement infondé d'Erika McEntarfer, qui m'a succédé, est un précédent dangereux et sape la mission du Bureau", a critiqué son prédécesseur à ce poste, William Beach, sur X, qui avait officié pendant le précédent mandat de Donald Trump.
- "Pays autoritaires" -
"Renvoyer la responsable d'une agence gouvernementale stratégique parce que vous n'aimez pas les chiffres qu'elle produit (...) c'est ce qui arrive dans des pays autoritaires, pas dans des pays démocratiques", a dénoncé Larry Summers, ancien ministre des Finances du président démocrate Bill Clinton puis conseiller de Barack Obama, sur la même plateforme.
"Il nous faut des économistes sérieux dans ces positions, pas des laquais qui vous diront ce que vous voulez entendre", a protesté le sénateur de gauche Bernie Sanders à l'attention de Donald Trump, également sur X.
Vendredi matin, le rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis a surpris en peignant un tableau plus sombre qu'attendu de l'état du marché du travail, à l'heure où les experts prédisent un ralentissement sous l'effet de l'offensive douanière du président américain.
En particulier, le nombre d'emplois censés avoir été créés pendant les mois de mai et de juin a été fortement révisé à la baisse. Les chiffres corrigés (19.000 en mai et 14.000 en juin) s'affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19.
Les corrections sont "bien supérieures à la normale", est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258.000 créations d'emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois.
Ce rapport "change la donne" en montrant que "le marché du travail se détériore rapidement", selon l'économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long.
Les chiffres mettent à mal le discours triomphaliste de Donald Trump sur l'économie américaine, alors que plusieurs sondages font état d'une baisse de sa cote de confiance.
Il ne cesse d'affirmer que l'économie est rugissante, tout en appelant avec insistance la banque centrale des Etats-Unis (Fed) à la soutenir davantage en diminuant les taux d'intérêt.
Plus tôt dans la semaine, la Réserve fédérale a encore préféré laisser ses taux inchangés pour la cinquième fois de suite, une décision marquée par la rare opposition de deux gouverneurs.
Une autre gouverneure, Adriana Kugler, a elle annoncé sa démission vendredi, et le président américain s'est dit "très heureux" de pouvoir ainsi faire entrer une nouvelle personne au comité fixant les taux d'intérêt, pendant un échange avec des journalistes.
Il a ensuite écrit sur son réseau Truth Social que le patron de la Fed Jerome Powell, qu'il n'a de cesse d'accabler, "devrait démissionner" lui aussi.
Depuis son retour au pouvoir, le milliardaire de 79 ans a fait de la loyauté son principal critère de recrutement et déjà limogé nombre de hauts fonctionnaires fédéraux.
X.Gerard--PP