

L'extrême droite réunit jusqu'à 150.000 personnes à Londres, incidents avec la police
Entre 110.000 et 150.000 personnes ont participé samedi à Londres à un rassemblement à l'appel du militant d'extrême droite britannique Tommy Robinson, selon la police londonienne, qui a dit avoir arrêté 25 personnes après des "violences inacceptables".
Vingt-six policiers ont aussi été blessés au cours de ce rassemblement massif, qui a "largement" dépassé "les attentes des organisateurs", relève la police dans son communiqué.
Il intervient après un été marqué par des mouvements anti-immigration devant des hôtels britanniques hébergeant des demandeurs d'asile, largement relayés par Tommy Robinson sur les réseaux sociaux.
"C'est probablement la plus grande manifestation d'extrême droite jamais organisée au Royaume-Uni", a estimé auprès de la BBC Joe Mulhall, de l'association Hope not Hate, qui lutte contre la diffusion des idées d'extrême droite.
Un avis partagé par Georgios Samaras, maître de conférence au King's College de Londres, interrogé par l'AFP, pour qui cette manifestation démontre la convergence entre plusieurs "factions au sein de l'extrême droite" britannique, mais aussi avec de nouveaux venus.
Les images aériennes diffusées samedi par les télévisions ont montré les rues du centre de Londres inondées de drapeaux britanniques et anglais.
"La majorité silencieuse ne restera plus silencieuse", a lancé à la foule Tommy Robinson à l'issue de la marche pour défendre "la liberté d'expression". "Aujourd'hui marque le début d'une révolution culturelle."
Cet activiste de 42 ans, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, est le fondateur de l'ex-groupuscule English Defence League (Ligue de défense anglaise), issu de la mouvance hooligan.
Connu pour ses positions anti-immigration et anti-islam, il a été condamné à plusieurs reprises, notamment pour troubles à l'ordre public. Il a aussi été emprisonné.
- "Complètement dingue" -
Les échauffourées ont débuté avant même la fin du rassemblement, selon la police, qui souligne que des policiers ont été "agressés à coups de pied et de poing".
"Des bouteilles, des fumigènes et d'autres projectiles ont été lancés", a-t-elle détaillé, des actes condamnés par la ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood.
Une journaliste de l'AFP a vu des touristes pris au piège près de la National Gallery, dans le centre de la ville, après des jets de bouteilles contre les policiers bloquant le périmètre.
Un peu plus loin, se trouvaient des participants à une contre-manifestation, organisée par Stand Up To Racism UK, qui a réuni jusqu'à 5.000 personnes.
Parmi les partisans de Tommy Robinson, les revendications sont hétéroclites, mais portent prioritairement sur l'immigration.
"Je ne suis pas raciste. Je constate simplement l'évolution démographique", affirme Ritchie, 28 ans, un manifestant qui ne veut pas donner son nom.
Venu de Bristol avec trois amis, il qualifie d'"invasion" les arrivées d'étrangers en situation irrégulière.
Vêtue d'un longue robe longue aux couleurs du drapeau britannique, Emily Rose s'est levée à 05H00 pour rejoindre Londres.
"C'est dingue, complètement dingue", s'enthousiasme cette habitante de Glasgow en regardant la foule.
- "Soit vous ripostez, soit vous mourez" -
Mary Williams, elle, tient une photo de l'influenceur conservateur américain Charlie Kirk, porte-drapeau de la jeunesse trumpiste, tué mercredi par balle aux États-Unis.
Un décès qui a "choqué" cette trentenaire londonienne, au point de la convaincre de venir.
Plusieurs personnalités de la droite et de l'extrême droite britanniques et étrangères ont pris la parole samedi, dont le milliardaire américain Elon Musk, par vidéo.
"Que vous choisissiez ou non la violence, la violence viendra à vous", a-t-il dit. "Soit vous ripostez, soit vous mourez."
Le président du parti français d'extrême droite Reconquête, Eric Zemmour, a lui aussi fait une intervention. "Vous et nous sommes colonisés par nos propres colonies", a-t-il estimé.
Les précédentes mobilisations de partisans de Tommy Robinson ont par le passé rassemblé des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes (plus de 20.000 en juillet 2024).
Parmi les récentes manifestations dans la capitale londonienne, une marche propalestinienne a rassemblé 300.000 personnes fin 2023.
La "liberté d'expression" est au cœur d'un débat public au Royaume-Uni depuis plusieurs mois, ravivé début septembre lorsque des policiers armés ont arrêté à l'aéroport londonien de Heathrow un créateur de séries accusé d'avoir diffusé des messages hostiles aux personnes transgenres.
Le débat est le plus souvent soulevé par la droite et l'extrême droite, mais il a aussi été évoqué en lien avec les centaines d'arrestations de manifestants exprimant leur soutien au groupe Palestine Action, qui a été classé "organisation terroriste" par le gouvernement.
B.Fabre--PP