

Foot: Gattuso devient l'improbable homme providentiel de l'Italie
L'Italie, mal engagée sur la route du Mondial-2026, a un nouveau sélectionneur depuis ce dimanche: Gennaro Gattuso doit maintenant instiller à la Nazionale sa rage de vaincre et faire oublier une carrière d'entraîneur jusque-là sans éclat.
Dix jours après son départ du club croate de l'Hajduk Split, Gattuso, 47 ans, se retrouve aux commandes de l'Italie, quadruple championne du monde et double championne d'Europe.
L'ancien milieu défensif de l'AC Milan (1999-2012), réputé pour sa grinta et son tempérament volcanique lorsqu'il était joueur, est présenté par la Fédération italienne de football (FIGC) dans un court communiqué comme "un symbole du football italien".
"Son professionnalisme et son expérience seront essentiels pour les prochains défis à relever du mieux possible", poursuit la FIGC qui n'a pas précisé la durée de son contrat et qui le présentera officiellement jeudi à Rome.
Le champion du monde 2006 succède à Luciano Spalletti qui, moins de deux ans après son entrée en fonction, a été licencié à la suite de la déroute de la Nazionale en Norvège (3-0) le 6 juin en ouverture de sa campagne de qualifications pour la prochaine Coupe du monde.
La nomination de Gattuso est une surprise de taille pour beaucoup d'observateurs, pour la plupart sceptiques.
Il n'est pas le premier choix de la FIGC qui a essuyé les refus de l'expérimenté Claudio Ranieri (73 ans), puis de Stefano Pioli, ancien entraîneur de l'AC Milan.
- Deux Ligue des champions avec l'AC Milan -
Et si son palmarès comme joueur comprend deux titres de champion d'Italie et deux Ligues des champions avec le Milan, ainsi qu'un titre mondial (2006) avec la Nazionale qu'il a représentée à 73 reprises (un but), son parcours d'entraîneur est loin d'être aussi impressionnant.
Entre ses débuts en 2013 à Sion, en Suisse, abrégée après moins de trois mois, à son départ de l'Hajduk Split après une seule saison terminée à la 3e place du Championnat de Croatie, "Rino" a enchaîné les expériences (dix en douze ans!) décevantes.
Sur son CV d'entraîneur figure un seul titre, une Coupe d'Italie remportée en 2020 avec Naples, et bien des échecs, à la tête de "son" Milan (2017-19) et de Marseille (septembre 2023-février 2024), sans oublier son passage de quelques... jours à la tête de la Fiorentina en 2021.
Consciente des doutes que ce parcours pourrait susciter dans un pays encore traumatisée par l'absence de la Nazionale en Russie (2018) et au Qatar (2022), la Fédération italienne a pris soin d'entourer Gattuso.
L'ancien emblématique gardien de but Gianluigi Buffon, décisif dans la nomination de son ancien coéquipier en sélection, conserve son poste de chef de délégation de la Nazionale, tout en se rapprochant du terrain et des joueurs.
- Premier match le 5 septembre -
Selon la presse italienne, Gattuso sera accompagné par plusieurs anciens internationaux, dont Andrea Barzagli, lui-aussi champion du monde 2006, et Leonardo Bonucci, champion d'Europe 2021.
L'ancien sélectionneur Cesare Prandelli devrait lui superviser toutes les sélections de jeunes et la formation d'un calcio qui n'arrive pas à produire des phénomènes du type Lamine Yamal, Désiré Doué ou Jude Bellingham.
Gattuso et consorts ont deux mois et demi pour préparer leur premier match, le 5 septembre contre l'Estonie, et n'ont déjà pas le droit à l'erreur.
Après deux de ses huit matches de qualification pour le Mondial-2026, l'Italie est 3e du groupe I avec trois points, à neuf longueurs de la Norvège (4 matches joués), son principal rival pour la première place et la qualification directe.
La Nazionale peut encore coiffer sur le poteau la Norvège en réalisant un sans-faute, mais sa différence de buts est très défavorable (-1, contre +12 à la Norvège).
Elle pourrait devoir passer, comme pour les Coupes du monde 2018 et 2022 par des barrages qui lui ont été fatals. C'est peut-être là que Gattuso pourrait être le plus précieux: en chassant les fantômes du passé qui ne lui ont jamais fait peur mais qui paralysent la Nazionale.
W.Adam--PP