Petit Parisien - Tour de France: face aux géants, les ambitions décomplexées des puncheurs français

Paris -
Tour de France: face aux géants, les ambitions décomplexées des puncheurs français
Tour de France: face aux géants, les ambitions décomplexées des puncheurs français / Photo: Bernard PAPON - POOL/AFP

Tour de France: face aux géants, les ambitions décomplexées des puncheurs français

Sans complexe face aux "mastodontes" du peloton et offensifs dans les raidards à l'approche de Boulogne-sur-Mer, les coureurs français ont été de tous les coups, dimanche lors de la deuxième étape du Tour de France, sans parvenir à décrocher une victoire de prestige.

Taille du texte:

Derrière un podium de première classe, où le Néerlandais Mathieu Van der Poel devance les vainqueurs des cinq derniers Tours Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, quatre valeureux tricolores --Romain Grégoire, Julian Alaphilippe, Aurélien Paret-Peintre et Kévin Vauquelin-- se sont immiscés dans le Top 10, récompensés de leur attitude sans complexe.

Attendus lors des étapes destinées à la caste des puncheurs, dont ils sont nombreux à se revendiquer, ils ont pris le sillage de l'ambition affichée par le premier nommé, Romain Grégoire, quatrième de l'étape.

Le Bisontin de la formation Groupama-FDJ a surpris son monde en envoyant ses coéquipiers imposer un rythme infernal dès le pied de l'avant-dernière difficulté du jour, la côte de Saint-Etienne-au-Mont (1km à 10,6%), pour éliminer les meilleurs sprinteurs du peloton.

"Avec tout le boulot qu'ont fait les mecs pour me placer idéalement au pied de la première des trois dernières difficultés, je m'interdisais de reculer et de péter", a affirmé Grégoire.

- "Le gars d'Arkéa" -

Il a tenté de faire fructifier le chantier lancé par un Lewis Askey déchaîné, le Britannique répondant parfaitement au mantra détaillé après la course par son manager Marc Madiot, et qui s'applique à tous les coureurs français selon lui.

"On essaie de prendre les occasions quand elles se présentent, après, il y a des mastodontes à côté, mais je trouve que c’est pas mal", a souri Madiot.

C'est cet opportunisme qui avait souri l'an dernier au leader d'Arkéa-B&B Hotels Kévin Vauquelin, déjà lors de la deuxième étape en Italie. Alors, à Boulogne, le Normand se voyait bien refaire le coup, lorsqu'il avait damé le pion aux favoris pour s'imposer dans un final similaire.

Multipliant les attaques, Vauquelin a profité de ses excellentes jambes du moment pour partir dans la dernière difficulté, la côte d'Outreau, à 5 km de l'arrivée, suivi par le lieutenant de Vingegaard, Matteo Jorgenson.

"Pourquoi il roule pas avec moi?", s'est emporté le deuxième du dernier Tour de Suisse en arrivant au car de son équipe, regrettant le manque de collaboration de l'Américain.

De plus en plus présent dans les grandes courses, Vauquelin, huitième de l'étape, paye sa montée en puissance par une liberté restreinte.

"J'avoue qu'on ne dit plus +le gars d'Arkéa+, mais on dit +Kévin+ ou +Vauquelin+, donc c'est sûr que c'est plus gratifiant, mais la rançon de la gloire, c'est que maintenant je suis un peu plus marqué", a-t-il souligné, consolé par un maillot blanc de meilleur jeune dû à une très belle quatrième place au général.

"Au-delà d'être décomplexé, je pense qu'il est tout simplement fort", estime son directeur sportif Emmanuel Hubert, avant d'ajouter: "De 25e dans l'avant-dernière côte, il remonte tout seul dans les 7 ou 8 premiers, c'est aussi là qu'il faut regarder le cap qu'il a franchi, (...), il fait partie des champions."

- Vivement la suite -

Ces champions, Julian Alaphilippe a eu l'habitude tout au long de sa carrière de les regarder dans les yeux. Discret, il a à nouveau surgi de sa boîte dans un dernier kilomètre exigeant pour tenter de semer la pagaille et répondre aux attentes dans une étape qu'il avait cochée et reconnue deux fois.

Malade ces derniers jours, il a retrouvé une meilleure forme et finit à un cinquième rang qui lui permet de regarder vers les prochaines étapes avec gourmandise.

"On vient pour gagner une victoire, pas pour faire cinquième, quand je vois comment j'étais hier, je suis content, aujourd'hui, ça allait mieux. (...) C'est bon pour la suite", a-t-il dit.

Aurélien Paret-Peintre (Décathlon-AG2R) s'est également montré à son avantage dans les derniers kilomètres, et signe une belle septième place.

Après une arrivée propice aux sprinteurs lundi à Valenciennes, les puncheurs pourraient de nouveau être à la fête dès mardi, à l'approche de Rouen. Le rendez-vous est pris.

D.Moulin--PP